mardi 27 janvier 2015

Hobart, le rêve de la Maria Island, des rencontres, du travail... La Tasmanie, ou l'Australie en mieux

Salut tout le monde! Me voilà à Hobart, en Tasmanie, que j'ai rejoins après une longue vadrouille des environs, qui s'est avérée particulierement riche en... Et bien en à peu près tout.

Après un diner et une nuit formidable chez la famille de rêve qui m'a accueillit à Melbourne, j'ai décollé pour la Tasmanie et Hobart où m'attendait Rémi. Ensemble, nous avons rejoint en stop Richmond puis l'ile Maria.

Le parc national de la Maria Island est devenu, durant les trois jours que nous y avons passé, la plus belle chose que j'ai vu en Australie jusqu'à présent. Calme, aux paysages magnifiques, mais surtout à la vie sauvage abondante et omniprésente. C'est ainsi que nous avons pu y observer des centaines de marsupiaux en tout genre, mais aussi les fameux diables de Tasmanie, et même des orques!

Nos route se sont ensuite separées de nouveau, et je suis parti à la recherche d'un boulot. Il était temps, je n'avais plus en poche que quelques dollars. 

D'ailleur, je ne l'avais pas dit dans mon dernier article, mais j'ai atteint ces dernières semaines un stade de dépouillement assez extrême : j'ai quitté la Gordon Country sans réchaud ni matériel de cuisine, sans ustensiles autres que des couteaux, ma tente, qui tenait avec des bouts de tuyaux et du scotch, je n'avais presque plus d'équipement ormis mon duvet, quelques vêtements et pansements, mon ordinateur et l'appareil photo. Et le plus étrange, c'est que plus j'ai abandonné mon confort, plus je me suis senti bien! J'ai l'impression que voyager nu me comblerait...

Je suis donc reparti en quête de travail dans les environs, désirant stopper au hasard et faire du porte à porte dans les fermes.

J'ai ainsi rejoins le village de Campania, pour y découvrir un camping gratuit rempli de voyageurs travaillant dans le coin. L'ambiance que j'y est trouvé était formidable, tout comme les gens que j'ai rencontré là-bas, et le travail est arrivé sous peu!

Je commence vraiment à me dire que je vais réussir à m'en tirer et à me faire des sous! En attendant, récit d'une semaine riche en découverte, dans une Tasmanie que je préfère à sa grande soeur mais qui n'améliore pas mon opinion du pays...


Hobart, Richmond, Triabunna : deux lyonnais sauvages en vadrouille



Je vous avais laissé à Melbourne, dans la maison du couple Lidell et de leur 6 enfants qui m'ont invité pour la nuit.

La soirée en famille est formidable, Nikki nous cuisine des tacos, et le diner est un joyeux bazar plein de rire et de discussion. J'entend à nouveau que la Tasmanie est belle-magnifique-génial-pleine de boulot etc... Je commence à saisir le concept, et l'impatience d'y arriver en est d'autant plus grande! Je ne tarde pas néanmoins à rejoindre la chambre qu'ils m'ont preparé, toujours subjugué par la gentillesse de ces gens.

Mon alarme sonne à 4h. Le temps d'un café, et me voilà tout enfariné dans le camion avec Steve. Il me dépose à l'aéroport, et je remercie mille fois le père de la plus belle famille qu'il m'ai été donné de rencontrer. Pour les parents Lidlle et leur 6 adorables enfants, mille mercis, et à bientôt! 

Malgré le souvenir impérissable qu'ils m'ont laissé, je n'ai pas le temps de tergiverser, la Tasmanie et Rémi m'attendent! 

Avec toute leurs histoires à propos de la fameuse ile, ces filous d'australiens ont réussi à titiller ma curiosité (''titiller'' tient de l'euphémisme), et les formalités ainsi que l'attente du décollage sont interminables. Je profite de l'heure de vol pour somnoler, puis contempler le lever du soleil sur les montagnes tasmaniennes. Des montagnes! Des vraies, hautes, au relief escarpé, ça faisait longtemps! Non parce que c'est sympa l'australie, mais un chouia trop plat pour moi...

L'aéroport d'Hobart se trouve à une vingtaine de kilomètres de la ville en elle-même, et après un brin de toilette je pars lever le pouce. Et comme si la Tassie voulait me souhaiter la bienvenue de la plus belle manière qui soit, le stop est plus que prolifique! En moins d'une minute, je suis embarqué pour quelques bornes. Largué en pleine autoroute, je crains un peu pour la suite, mais non, j'ai à peine le temps de lever la main que déjà un sympathique paysans m'attrape pour me deposer à deux minutes du centre ville! 

Autre bonne surprise, Hobart fait moins artificielle et carrée que les autres grandes villes que j'ai traversé en Australie. Ici, point de blocs de bâtiments copiés les un sur les autres, tous de la même taille. L'impression de ville construite sur mesure disparait, et je retrouve la sensation d'être dans une agglomération dont le développement s'est fait petit à petit sans suivre de schéma particulier. Cela ne semble rien comme ça, mais après Melbourne, Brisbane et leurs rues tracées à la règle, ça fait plaisir!


Rémi me rejoint dans le centre, et nous planifions la suite. Il dispose de quelques jours avant de se lancer dans l'Overland Track, l'un des plus beau treck d'Australie (dont l'interêt est par ailleur gaché par le prix du permit, 200 $ en été... Je compte bien le faire, mais en hiver, durant lequel l'accès est gratuit). Un plan sort rapidement de nos réflexions...

En effet, le Rémi a entendu parler, durant sa traversée en ferry de Melbourne à Hobart, du parc national de Maria Island, classé au patrimoine mondial, à 90km au nord de Hobart, pas cher et apparement fabuleux. Apparament, au cour de l'année 2012 a debuté dans ce parc un programme de sauvegarde du fameux diable de Tasmanie, avec l'insertion de 12 spécimens. En 2013, 13 nouveaux individus ont été relaché sur l'ile, et en un an la population de diables de Maria Island a depassé les 80 spécimens, sans porter préjudice aux autres espèces présente sur l'ile, faisant du parc le coin par excellence pour espérer observer la fameuse bestiole. Qu'il en soit ainsi, nous allons voir des diables de Tasmanie sur Maria Island! Nous devons pour cela rejoindre Tryabunna, petit village au nord, pour y attraper le bateau qui conduit à l'ile. Il est temps de faire chauffer les pouces...

La sortie d'Hobart et la recherche d'un endroit où stopper nous font suer un moment, et nous marchons près de 10km avant de trouver un bon spot en début d'après midi. Un problème survient, qui ne me lachera pas durant tout notre séjour : mon pied droit me lance, je ne sais pas si cela est du à mes chaussures à 10$, au fait d'avoir rattaqué la marche trop violement, ou les deux... Mais ça fait mal... Ca plus une ampoule infectée, ça commence à faire beaucoup pour un seul pied...  Ci-contre, le Tasmanian Bridge.

Le stop, même si nous sommes 2 chevelus barbus et ébouriffés, s'avère toujours aussi efficace. Nous n'attendons pas longtemps entre chaque lift, mais malheureusement les courses sont courtes, et nous prenons notre temps... Nous nous retrouvons à 16h30, heure de départ du dernier ferry, à Sorrel, à une quarantaine de kilomètres de Tryabunna, et le stop marche beaucoup moins bien...

Après plus d'une heure le pouce en l'air, une voiture occupée par 3 francaises s'arrête enfin, mais elle vont seulement à Richmond, à 13km de là. L'esprit occupé par notre destination, nous refusons le lift, avant de nous rendre compte de notre erreur : le dernier ferry pour l'ile est déjà parti, et nous venons de rater une opportunité de rencontre... La voiture suivante va aussi à Richmond, et nous embarquons à la recherche de nos trois francaises, savourant la vadrouille hasardeuse. Nous ne les retrouverons pas, mais Richmond s'avère calme, jolie et parfaite pour passer la nuit.

le pont de Richmond, 1853



Nous dégotons un parc avec barbec à disposition et passons une bonne soirée avant de dormir à la belle étoile au bord de la rivière qui traverse le village.


La Maria Island : un rêve sauvage


Au matin, nous rejoignons la sortie du bled sous la pluie. Quelques voitures plus tard, nous voilà droper à Triabunna, devant l'embarcadère. Le temps se dégrade, la pluie tombe de plus en plus, et nous trouvons un abris pour patienter jusqu'à l'heure du départ, nous faisons quelques courses, l'ile étant dépourvue de magasins, puis nous embarquons. Nous n'avons rien reservé, rien prévu, la surprise s'annonce complète. Le tarif du trip, comparé aux standarts australiens, est ridicule : 35 $ pour le ferry et l'accès au parc, sans limite de durée!

Arrivés sur l'ile, la claque visuelle est grande, l'endroit est magnifique. Nous avons un peu l'impression d'attérir dans Jurassic Park, le milieu de l'ile est occupé par une montagne couverte de forêts, les plages de sable blanc donnent sur une eau limpide et turquoise, le calme régne... Un vrai petit paradis. 



Nous rejoignons l'espace de camping, accompagnés par des espèces d'oies au bec jaune fluo, posons le barda et partons nous balader, à l'affut du moindre diable de Tasmanie. 


Le premier animal à fourrure que nous verrons rejoint instantanément mon panthéon des bestioles les plus classieuses du monde, avec le possum, le pinguouin et le dragon à deux têtes du chaos : le wonbat. Pas besoin de description, voyez plutôt les clichés :




Ils sont fabuleux. Des boules de poils toutes pataudes qui se dandinent en essayant de courir, qui appliquent la tactique de l'autruche pour se planquer dans les hautes herbes en croyant être invisibles... L'archétype de l'animal inoffensif et adorable. Ils sont une dizaine, à brouter tout autour de nous, sans que notre présence ne semble les affecter le moins du monde...

Et au fil des heures, nous prenons conscience de la magie de l'endroit dans lequel nous venons d'attérir. En un après midi, la Maria Island devient la plus belle chose que j'ai vu en Australie. La flore est merveilleuse...


...mais c'est la faune qui est véritablement incroyable : la vie sauvage s'étale véritablement tout autour de nous, les marsupiaux ne se comptent plus par dizaines mais par centaines, de 3 ou 4 espèces différentes. L'endroit est tellement protégé que les bestioles sont partout. Kangourous, wonbats, oppossums, wallabies, echidnas, nous ne faisons pas trois mètres sans nous arrêter, tant il y a d'animaux au mètre carré, tant le décors est contemplatif. Ici c'est un groupe d'une dizaine de kangourous qui nous attend derrière un fourré, là ce sont des familles entières de wallabies qui détalent en esquivant les wonbats, que nous suivons en slalomant entre les fourmilliers. C'est hallucinant, je n'ai jamais vu ça. Et nous sommes seulement à 200m du camping! 

La famille kangourou



echidna (fourmilier)



Le soir venu, nous nous posons en lisière de forêt, en silence, pour voir tout ce beau monde bondir de partout. Et... Une petite silhouette sombre passe en trombe devant nous. Nous la traquons, mais il fait trop noir... Nous questionnerons quelques personnes par la suite, d'après la taille il pouvait s'agir d'un oppossum, mais la façon de courir, pattes droites puis pattes gauches, est typique et sans appel : c'était un jeune diable de Tasmanie! Nous espérons quand même en voir un de jour. Quoi qu'il arrive, définitivement, cette ile est formidable!

Lorsque nous rejoignons nos tentes, nous ne trouvons pas le sommeil, pressés que nous sommes de nous enfoncer au coeur de ce joyaux naturel. On en fait de ces choses!

Au réveil, nous reconsidérons notre séjour ici. Nous avions prévu de rester trois jours, mais nous envisageons une durée plus longue. Malheureusement, nous sommes arrivés tellement à l'arrache que nous n'avons pas assez de nourriture. Quelques boites de haricots, des nouilles et des biscuits... Si nous avions su...

Du coup, il va falloir être efficace! Au matin, nous partons pour un autre campement au milieu de l'ile, à 11km, par un itineraire côtier. Le beau temps n'est malheureusement pas de la partie, mais nous sommes au sec. Sur le chemin, que je dois parcourir en tong à cause des ampoules et magnifique au demeurant, il n'est pas rare d'avoir sous les yeux, entre les marsupiaux et les oiseaux, six ou sept espèces animales différentes en même temps.





Un Rémi sauvage, une espèce rare!
En revanche, les wallabies pullulent


Et le rêve continue, si c'était possible, en passant au niveau supérieur : Nous longeons la côte, je me pose au bord de l'eau pour prendre quelques photos, lorsqu'un bruit de soufflet me fait tourner la tête. Je me redresse pour me retrouver face à un orque énorme qui fait surface pour respirer à moins de 20 mètres de moi. Je reste comme un abruti la bouche ouverte, pour en voir deux autres qui suivent, longeant la côte à porté de nage... Vous devrez vous contenter d'un aileron en image. Désolé, mais quand un spectacle pareil se déroule devant soi, on prend des photos avec les yeux, pas avec un appareil.

pour info, je n'utilise pas de zoom sur celle-ci!


Nous marchons toute la matinée, toujours dans un cadre naturel exceptionnel.



Malheureusement toujours pas le moindre diable... Nous posons le camps à la french farm, bâtiment du début du 20ème siècle. Il faut savoir que ce sont des explorateurs francais qui ont occupé et cartographié la Tasmanie en premier, avant de céder devant la couronne britannique. Le camp posé, nous partons vadrouiller le sud de l'ile.


un piège à diables de Tasmanie

Un bon après midi de marche, durant lequel nous admirons de belles plages, survolées par des escadrons de cacatoes noirs et des hérons, tandis que les raies croisent sous la surface de l'eau.





Le soir venu, nous partons explorer les plaines autour de notre campement. A nouveau, c'est un festival de marsupiaux qui s'ébattent dans un décors extraordinaire. Le mot qui revient le plus souvent pendant que nous sommes assis au milieu des bestioles est probablement ''dingue''...

Nous croisons maman wombat et son petit :














Déjà que les adultes sont trognons, alors les petits...

Les wombats se partagent le territoire avec les autres marsupiaux. Nous en avons quelques quatre espèces devant les yeux!












Nous faisons bien les piquets quelques instants, espérant voir des diables, mais la fatigue prend le dessus (nous avons quand même marché sur de près de 25km aujourd'hui) et nous allons nous coucher, après avoir terminé nos dernières réserves de nourriture cuisinable. Jusqu'à après demain midi, jour de notre retour à la civilisation, ce sera nouilles chinoises...

Le jour suivant, toujours sous la grisaille mais pratiquement au sec, nous repartons en direction de notre premier campement, par l'intérieur des terres cette fois. Si nous voyons moins d'animaux, la forêt est merveilleuse.


4h de marche plus tard, nous voilà de retour au nord de l'ile. Mon pied droit ne repond plus et n'est qu'une plaie gonflée, mon genou gauche me lance, nous décidons de nous arrêter pour aujourd'hui. Glandouille, douche, montage de tente... 

... Et ce faisant, un bruit me fait dresser la tête. Pensant voir un énième wallaby, je pose en fait les yeux sur... Un diable de Tasmanie, qui marche tranquillement juste devant moi! Je me fige, ne bouge plus, mais le vent tourne, la bête me sent et disparait dans les buissons. Je ne l'aurais observé que quelques secondes, mais c'est fait : j'ai vu un diable de Tasmanie au grand jour, juste à côté de moi! Mission accomplie!

Nous profitons d'une dernière séance shooting avec les adorable et minuscules Tasmanian Pademelon, sorte de mini-kangourous, qui cavalent entre les tentes, avant de savourer le calme ambiant et de nous endormir en nous promettant de revenir sur l'ile un beau jour. Comme dit l'autre, Ave Maria!

...et titou!
maman...


Le soleil levé, nous ne voulons pas partir. Mais il faut bien bouger, nous n'avons absolument plus rien à manger, même pas de quoi se faire un pti dèj... Nous préparons notre dernier café, qui ressemble plus à un thé tant il est clair, puis embarquons, admirant d'un oeil nostalgique, depuis le ferry, la Maria island qui s'éloigne... Vraiment, si un jour vos pas vous mènent en Tasmanie, la Maria est définitivement le coin à ne pas rater!

l'effet café, c'est tout dans la tête!


Nous rejoignons Richmond et notre rivière en stop. Le lendemain, nos route se separent de nouveau, et c'est seul que je part à la recherche d'un job. Il est temps, je n'ai plus en poche que quelques dollars.


Campania : travail et rencontres

Je suis donc à Richmond, en train de charger l'ordinateur dans un café, quand un homme vient me voir. Ayant vu le PC, il me demande si je ne cherche pas du travail, avant de m'annoncer qu'à quelques kilometres de là, à Campania, se trouve un camping gratuit plein de voyageurs qui travaillent dans les fermes alentours. Je me demande à nouveau pourquoi je m'embète à chercher, à me poser des questions, à douter. Il se passe toujours quelque chose! Je lève le pouce pour le bled, sans trop savoir ce qu'y m'y attend...

J'arrive dans l'après midi à Campania, pour découvrir en fait sur le camping un véritable lieu de rassemblement, une véritable communauté pleine de vadrouilleurs, pleine de francais, avec un petit côté camping de festival bien actif. Les rencontres se succèdent, les gens sont fabuleux, et j'accumule les adresses et les numéros. Trouver quelque chose tient de l'urgence, il me reste moins de 80$...

Je me rend dès le lendemain à une ferme proche où bon nombre des campeurs travaillent. L'exploitation, Kirkwood (aussi appelée Rednight), est énorme et se trouve à 3 kilomètres de Campania. On y cultive les cerises, les pommes, les abricots, entre autres. La saison des cerises y commence début décembre, heureusement la ferme est tellement énorme que même si j'arrive un peu (très) tard, il reste des places, mais plus de harnais, indispensables pour accrocher les caisses destinée à recevoir les cerises... Qu'à cela ne tienne, je fais dans la foulée la rencontre de Damien et Justine, qui en ont un en rab!

Je retrouve également les trois francaises que nous avions croisé sur le route de Triabunna, qui font route en Tassie avec deux de leurs amis. Bref la compagnie ne manque pas, tout comme les histoires de voyage, les échanges, le partage! 

Nous passerons la journée ensemble, et ils deviennent rapidement de bons amis. Damien n'a voyagé qu'en Australie, et tout comme moi il n'attend qu'une chose : faire des sous et quitter le pays pour parcourir le monde, probablement à vélo. Lui aussi a du mal avec une Australie pas tellement dépaysante, raisonnement d'autant plus admirable qu'il n'a pas encore gouté aux merveilles des autres continents! Justine, journaliste, veut quand à elle visiter l'Asie.

Et le lendemain, c'est fait, me voilà au travail dans les cerisers! Yaaa! Le timing est impeccable, le taf n'est pas éreintant, motivant, et on prend vite le coup de main.

Alors, comment ça se passe le cherry picking? On arrive le matin dans le verger avec son harnais, sur lequel on accroche une caisse, la fameuse lug, pouvant contenir entre 8 et 10 kilos de cerises. Une fois la lug remplie, on la vide dans de grandes bins tandis que les superviseurs l'ajoutent à notre total de la journée.

Je suis soulagé, heureux, reconaissant. J'ai réussi! Je commence à me dire que je vais le faire, je vais y arriver à me remplir pour finir le Petit Tour! Comme toujours, anything is possible.

Enfin... ''Réussi'' est un grand mot... Comme je le disais plus haut, j'arrive un peu après la guerre, et la saison se termine une semaine plus tard... Mais le résultat est là : le premier jour, étant payé au rendement, je fais près de 150$ sur 8h de travail. A la fin de la semaine, sur 6 jours de travail, et avec les progrès que je fais dans le picking, c'est plus de 700$ qui tombent dans le compte en banque! J'ai des adresses de fermes d'horticultures, de vignes, la saison des abricots commence juste après la fin de celle des cerises, suivie par les pommes et les raisins. A dire vrai, je désirerais rester dans les parages, ne payant pas d'accomodation, uniquement ma nourriture, grâce au camping gratuit.

Un petit mot quand même sur le fruit picking : 150$ (environ 130 euros) par jour parait être un sacré salaire? Absolument pas. Nous sommes donc payé à la caisse, je débute, et je n'en remplis qu'une quinzaine par jours au début, une vingtaine à la fin, mais les pickers chevronnés parviennent à en ramener 30 voir 40 sur la même durée, se faisant des journées à 200 ou 300$... 

C'est ça qui est motivant pour travailler vite et le plus possible, apprendre et se tuer à la tâche : il est possible de faire vraiment, vraiment beaucoup d'argent. Ca plus le fait que faire plus de caisses devient vite un défi personel!

Enfin voilà, c'est fait. J'ai renfloué mes caisses, j'ai des opportunités de travail pour la suite, et la compagnie est merveilleuse. Les soirée passées au camping sont mémorables, tout comme les rencontres! Un week end, nous partons tous pour un festival psytrance au nord de l'ile. Quant à la soirée de fin de picking, c'était un grand moment...

Bref, une semaine extraordinaire qui se termine malheureusement bien vite...

Je reste quelques temps après la fin de la cueillette, nostalgique, pour voir le campsite se vider peu à peu. Et voilà un de ces moments les plus difficiles, pour moi, de l'errance et du déplacement continu. On parle toujours des rencontres, c'est génial, mais n'oublions pas que rencontrer va de paire avec quitter, que plus il y a de rencontres, plus il y a de séparations, et à chaque fois c'est difficile. J'ai rencontré certains voyageurs qui m'affirmaient qu'à force de rencontrer et de quitter des personnes, ils en étaient devenus incapable de s'attacher à qui que ce soit. Je pense que j'arrêterai de voyager le jour où j'éprouverai pareille sensation. 

En attendant, même s'il s'agit d'une composante indissociable du voyage, je n'aime pas dire au-revoir. Joanna, Damien, Justine, Mélissa, Tom, Romain, Blay, Kirra, voilà des personnes que je n'oublierai pas, que j'espère bien revoir au hasard de la route. Quand à ceux que j'oublie ici, ils pourrons toujours me retrouver pour m'en coller une!

Il en est de même pour Raphael et Sol, 2 français qui arrivent dans la foulée partager mes dernières soirées. Jamais seul que je disais!

Rémi, ce grand fou, effectue également un débarquement éclaire, en stop depuis Launceston, pour une soirée bien barrée entre lyonnais, avant de repartir pour Hobart.

L'heure du départ arrive pour moi aussi, et est marquée par une nouvelle séparation difficile : j'abandonne ma tente, Remi ayant proposé de me passer la sienne. Elle tenait debout sans que je sache comment, les arceaux éclataient les uns après les autres, et la toile n'était plus que trous et déchirure qui m'ont fait passer plusieur nuit les pieds dans l'eau, à souffrir l'imprévisible et incroyablement changeant climat tasmanien. Elle m'aura plus que bien servi, et je demande une minute de silence en l'honneur de cette chère T2, ma maison, qui aura quand même traversé la Norvège il y a 3 ans, l'Europe, qui aura fait le tour de l'Annapurna, et plusieur millier de kilomêtres en Australie. Pour elle, merci, et snif...

Je rejoins Rémi à Hobart en levant le pouce, et grâce à lui me voilà refait de matos : une nouvelle tente, mais aussi un réchaud. Si l'on ajoute le tapis de sol dont on m'a fait cadeau à Campania, me voila bien remis sur pied!

Je m'apprète à présent à quitter Hobart, direction le sud.

La Tasmanie me plait donc beaucoup plus que l'ile principale. La parcourir quelques jours avec Rémi, en deux bon gros galériens sauvages, a donné lieu à des moments d'anthologie, surtout dans le cadre de la merveilleuse Maria Island! 

Arrivé à Campania, j'ai trouvé des personnes qui m'ont bien aidé sans que je ne demande rien, et je n'ai même pas eu à prospecter pour trouver un travail. Grâce à eux, ce fut fait, au moment où mes économies arrivaient à leur terme : du boulot! Les quitter après les moments formidables que nous avions passé n'a pas été évident, mais ça fait partie du voyage, et j'espère bien les recroiser un jour. 

La suite de mon programme est simple : Je ne vais me concentrer que sur le travail et sur le départ pour le prochan pays du Petit Tour : le Vietnam. Je sais qu'il y a beaucoup à voir en Australie, que j'avais envisagé de me garder au moins un mois pour visiter les Northern Territory ou autre chose... Mais non. Je vais travailler, encore et encore, pour mettre le plus d'argent possible de côté. Heureusement que les gens ici sont adorables, parce que je ne me sentirais vraiment pas bien sans eux. Il n'y a rien à faire, je ne me sens pas du tout à l'aise avec ce pays, même si la Tasmanie est, je trouve, bien mieux que l'ile principale...

Durant nos discussions et mes réflexions à Campania, je pense avoir saisi plus précisément ce qui m'embête. Je trouve que l'Australie est une destination de voyage sac-à-dos par défaut, complètement universelle. Je ne veux pas faire de l'anticonformisme de base, mais ça m'agace... Tout le monde y est allé, tout le monde y va, tout le monde y vadrouille, comme dans une espèce de parc d'attraction du back packer. C'est la notion de voyage routard aseptisé, artificiel qui domine, anéhantissant toute spontanéité, toute originalité. Le pays fait vraiment destination pour baroudeurs du dimanche, et est désespérant de prévisibilité. Du coup oui, j'en suis arrivé à le considérer uniquement comme une source d'argent facile. 

Qu'en est-il des merveilles naturelles et sauvages qui m'ont, je dois bien l'admettre, éclaté les rétines à de nombreuses reprises? Et bien ca ne fait pas tout, et je m'appercois que ce n'est peut être pas ce que je préfère.

En effet, c'est un autre point qui me dérange dans ce pays, au delà de l'aspect carré-réglementé-fade-propret, au dela de la surconsommation et du gaspillage galopant. Ce qui m'attire dans le voyage, c'est la nouveauté perpétuelle. Et pour que cette nouveauté soit pleinement jouissive, elle doit être complète, et s'ancrer dans la découverte de nouveaux paysages, de nouveaux environnements, de nouvelles ville, de nouveau animaux, de nouvelles personnes et surtout... De nouvelles cultures. Malheureusement, il manque ce dernier point, si important (le plus important même) pour le dépaysement total, en Australie, dont les influences culturelles sont, tout le monde sera d'accord, fondamentalement occidentales. De plus, le pays dans sa forme actuelle est très jeune. Après avoir avancé dans des pays de plus en plus différents de la france à tout niveaux, je pense que l'impression de fade que j'éprouve depuis que je suis arrivé vient aussi de là.

C'est dit, je l'ai admis, j'ai mis du temps à décortiquer le problème, et mes idées sur la suite sont confirmées : travail, pognon, partir!

1 commentaire:

  1. Je te comprends...
    J'ai (on) a exactement le même ressenti. Il y a ici assurément de magnifiques paysages, une flore et une faune exceptionnelle de part sa diversité... Mais ce n'est pas suffisant, la sauce de prend pas, surtout pour un voyage de si longue durée. En ce qui me concerne, il y a encore un autre argument que tu n'as pas évoqué mais qui est rédhibitoire à mon sens... La manière dont les Australiens (blancs) traitent les Aborygènes. Là où je crèche, ils sont pas dizaines traités comme des pestiférés. J'en ai ramassé un vieux bourré en sang dans la rue, qui venait de chuter et pas une seule personne n'est venue à son secours. Ce sont des moins que rien qui devraient remercier le gouvernement de leur faire grâce d'une magnifique allocation mensuelle censée résoudre tous les problèmes. Ces gens ont été dépouillés de leurs terres, massacrés et enfin plusieurs générations plus tard (c'est à dire de nos jours) traîné encore dans la boue, sans parler des discriminations à l'emploi, etc. Voilà un peuple de plus sacrifié par les beaux impérialistes que nous sommes.
    Puisque je parle de racisme, je peux même évoquer le racisme anti-Français puisque j'en ai été victime à plusieurs reprises chez les nombreux fermiers chez qui j'ai bossé. Visiblement, à part les blancs Anglophone; ils considèrent avec mépris les autres, c'est dommage pour un pays multicurel, et qui se veut porté sur l'immigration. Bref y'en aurait des choses à dire... Mais je vais m'arrêter là.
    Il y a au moins un fermier avec qui j'ai sympathisé et chez qui je vais bosser encore pendant deux mois, donc j'en profite pour réitérer ma proposition (je sais pas si t'avais reçu mon mp sur facebook)
    Il s'agit de picking de pastèque, mais rémunéré à l'heure (et plutôt bien, 21 Dollars)
    Je continue à bosser dans le Queensland, j'abandonne pour l'instant mes projets de Tasmanie même si tes photos m'ont fait très envie...
    Bon courage pour la suite !

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